samedi 27 octobre 2007

PREMIERE VISITE DE MEMBRES DU GROUPE DE SOUTIEN INTI EN BOLIVIE

Youpii ! Après plus de 3 ans passés en Bolivie sans une visite de la Suisse, vous pouvez vous imaginez quel fût mon émotion et bonheur de pouvoir recevoir à Shirin Atam et Karine Mueller au début du mois d’octobre et de pouvoir partager avec elles un peu de ma vie et de la réalité bolivienne. Après avoir atteri à la capitale La Paz et avoir supporté le mal des hauteurs et voyagé au bord du Lac Titicaca, Shirin et Karin sont venues passer quelques jours dans notre maisonnette à Cochabamba où Edwin et moi avons partagé un peu de notre quotidien bolivien avec elles.






Durant leur séjour à Cochabamba, en tant que membres du groupe de soutien INTI, elles ont rendu visite et connu l’équipe du Centre de Cultures Indigènes Kawsay, dont ma partenaire Carla Bazoalto, avec lesquels je travaille actuellement comme vous savez. Au travers d’une dynamique que mes collègues avaient préparé, elles ont pu mieux comprendre les fondements culturels de notre travail éducatif qui repose sur le symbole de la croix andine « Chakana ». Ce fût un bel échange Sud-Nord plein de richesses culturelles qui nous a permis de réflexionner sur les valeurs, savoirs et pratiques des peuples indigènes qui sont au centre de mission quotidienne au Kawsay.


Après avoir pu s’acclimater au chaud climat de Cochabamba nous avons voyagé ensemble jusqu’à mon ex-ville Sucre. Ah, quelle nostalgie de se balader dans les ruelles de ma chère ville blanche au style colonial, qui me manque bien parfois je dois dire ! Cela fût donc émouvant de retourner là-bas après presque 6 mois depuis mon départ en mai passé et de rencontrer quelques ami(e)s de Sucre et partager quelques thèmes brûlants d’actualité comme celui du siège de la capitale de Bolivie et l’Assemblée Constituante autour d’un bon repas et du fameux gâteau allemand au chocolat (mon gâteau d’anniversaire !).





Après avoir visité Sucre que mes amies Shirin et Karin ont beaucoup aimé, nous avons continué notre route sur Potosi, la ville minière connue pour sa montagne d’argent, le « Cerro Rico », à plus de 4000 m. Vive les hauteurs et splendeurs de l’exploitation minière de l’ère coloniale ! On ne peut en effet visiter la Bolivie sans voir cette ville qui a tant signifié dans l’histoire du pays et du monde entier, comme dirait mon ami suisse et potosino d’adoption Olivier Barras.

En résumé, je dirais que cette rencontre avec mes 2 amies suisses fût pleine d’échanges enrichissants, de questionnements et de regards croisés entre la Suisse et la Bolivie. Vous en saurez plus dans un prochain récit qu’elles-mêmes rédigeront et que vous pourrez lire dans le prochain numéro d’INTI.

Il ne me reste donc plus qu’à vous inviter et vous encourager, vous tous/toutes membres d’INTI au voyage afin de continuer de tisser des liens toujours plus profonds entre le Sud et le Nord.

J’en profite pour vous rappeler qu’E-CHANGER organise un voyage en Bolivie en Pâques prochain et que vous êtes tous et toutes cordialement invités à y participer. Ne manquez surtout pas cette unique occasion de connaître ce merveilleux pays qui m’a si bien accueilli! Veuillez vous référer au dernier numéro de Cooper-action pour plus d’infos ou bien m’écrire et je vous enverrai le programme provisoire.

A BIENTÔT, HASTA PRONTO EN LA PACHAMAMA BOLIVIANA!


mardi 18 septembre 2007

Les jeunes de Yascapi exercent-ils leur droit à la participation?

Dynamique de présentation avec les jeunes de l'école de Yascapi, Potosi.

Dans le cadre de notre travail de suivi des participant(e)s du cours de Pédagogie Interculturelle Carla et moi avons été à Yascapi, une communauté au Sud de Potosi. Lorsque nous sommes arrivés nous avons eu la chance de pouvoir assister à leur festival local de danses traditionnelles organisé par les écoles de la région. Cela fût une belle démonstration de l’effort de récupération de la richesse et diversité culturelle existante entrepris par le milieu éducatif car les effets de la modernisation et de la migration des jeunes sont fort visibles dans la région vu la proximité de la frontière argentine. Avec Carla nous avons animé un atelier avec une vingtaine d’écoliers et deux professeurs sur le thème de l’interculturalité et de l’exercice de la démocratie au niveau local en analysant les espaces et formes de participations des jeunes au sein des organisations de base, indigènes et syndicales. Les jeunes ont répondu de manière positive et ont illustré toutes leurs connaissances et expériences grâce au travail de groupe où par communauté ils ont dessiné le contexte géographique, productif, socioculturel et de l’organisation politique. De manière générale nous avons pu constater que les jeunes ne participent pas beaucoup dans les organisations syndicales ou indigènes en raison de leurs règlements qui ne permettent une participation active que dès 18 ans et suivant l'organisation seulement quand la personne est mariée elle a le droit de s'affilier. Dans leurs écoles et dans le domaine sportif et culturel les jeunes sont beaucoup plus actifs.

En conclusion, les jeunes ont montré de l’intérêt pour ces thématiques nouvelles qu’ils n’avaient jusqu’à présent pas touchées. Les thèmes conjoncturels ne sont malheureusement pas souvent intégrés dans les programmes scolaires. Ce fût donc une enrichissante première expérience que nous espérons pouvoir continuer en promouvant la participation de nouveaux jeunes pour le cours suivant prévu d’ici la fin de l’année.

Travail de groupe: dessein des caractéristiques de la communauté













Jallalla ! Victoire pour les peuples indigènes : leurs droits sont reconnus au niveau international.

Au terme de plus de vingt ans de négociations, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté, jeudi 13 septembre, une déclaration symbolique reconnaissant de larges droits aux quelque 370 millions de personnes appartenant aux peuples autochtones, souvent marginalisés à travers le monde.

Le texte proclame "le droit à l'autodétermination" des peuples autochtones et réclame pour eux, le cas échéant, "des réparations". Il vise notamment à protéger la spécificité de leur culture, l'intégrité de leurs terres, et à les prémunir contre toute discrimination.
Selon le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'adoption de la déclaration est un "triomphe pour les peuples indigènes du monde entier". Elle marque, selon M. Ban, "un moment historique où les Etats membres de l'ONU et les peuples indigènes ont réconcilié leurs histoires douloureuses".
Seuls les Etats-Unis, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont voté contre la déclaration. Les quatre pays abritent de larges populations indigènes et craignaient que le texte n'ouvre la voie à de nouvelles revendications de ces minorités, au détriment d'autres groupes ou des lois nationales. Onze pays, dont la Russie et la Colombie, se sont abstenus, tandis que 143 pays ont voté pour.
Le document reconnaît aux peuples premiers le "droit d'être autonomes et de s'administrer eux-mêmes" et "le droit de ne pas subir d'assimilation forcée ou de destruction de leur culture". Ils doivent aussi pouvoir "contrôler leurs propres systèmes et établissements scolaires", avoir "leurs propres médias dans leur propre langue" ou encore ont "droit à leur pharmacopée traditionnelle".

"Les peuples autochtones privés de leurs moyens de subsistance et de développement ont droit à une indemnité juste et équitable", affirme par ailleurs la déclaration. Des mécanismes "de réparation efficaces" sont demandés pour ceux dont les terres, les ressources, les biens religieux ou culturels ont été spoliés, ou dont les populations ont subi un "transfert forcé".
La déclaration, qui n'est pas un traité, n'a "pas de conséquence juridique", affirme un expert français. Faute de consensus, le texte, promu principalement par les pays latino-américains, ne définit notamment pas ce qu'est un peuple autochtone. Ban Ki-moon a toutefois appelé les gouvernements à faire en sorte que "la vision derrière la déclaration devienne une réalité".

La convention n° 169 de l’OIT de 1989 sur les droits des peuples indigènes tribaux, élaborée sans les autochtones, avait reçu l'adhésion de trop peu d'Etats pour espérer doter le texte d'une portée universelle.
Mais cette Déclaration des Nations Unies
va bien plus loin que la Convention 169 de l’OIT (Organisation Internationale du travail) puisqu’elle revendique leurs droits à « l’autodetermination et à être autonomes et s’admnistrer eux-mêmes pour ce qui touche è leurs affaires intérieures et locales »ainsi que le droit « aux terres, territoires et ressources qu’ils possèdent et occupent traditionnellement ou qu’ils ont utilisés ou acquis ».

Donc, même si cette déclaration n’est pas coercitive au niveau légal, elle servira de guide aux États qui voudront s'y conformer en intégrant dans leur législation interne les droits fondamentaux de leurs peuples autochtones.

Un de ses pays est justement la Bolivie dont son gouvernement a vivement soutenu cette Déclaration ces derniers mois en exercant un certain lobby politique auprès des Etats latino amércains. C’est donc avec un cri de victoire que le gouvernement actuel du MAS a accueilli la nouvelle car l’approbation de cette déclaration renforce en effet la proposition de la construction d’un Etat plurinational et l’établissement d’autonomies indigènes dans la nouvelle Constitution de l’Etat qui est en discussion actuellement au sein de l’Assemblée Constituante. « Ceux qui nous traitent encore d’ignorants, de stupides, d’animaux actuellement comprendront que le monde entier aujourd’hui nous reconnaît et qu’il est nécessaire d’éliminer le racisme » affirma Evo Morales. Cette déclaration est donc un instrument de plus donc pour contre attaquer l’opposition conservatrice, tout particulièrement les comités civiques comme celui de Santa Cruz, qui revendique des autonomies départementales excluyant toute forme d’autogestion et d’autogouvernement de la part des peuples autochtones à l’intérieur de ce territoire.
Espérons donc que cette Déclaration internacionale puisse ouvrir une nouvelle porte dans ce procesus d’intégration de la diversité culturelle bolivienne au sein de ses institutions et normes juridiques.

Au sein du KAWSAY nous considérons cette Déclaration comme un outil juridique et politique stratégique pour les organisations de base et indigènes dans la conjoncture actuelle de statu quo et fracas de l’Assemblée Constituante. C’est pour cela que nous avons décidé comme équipe de la diffuser à tous nos partenaires indigène dans le cadre de nos processus de formation notamment afin qu’un certain lobby auprès des organisations étatiques puisses s’exercer depuis les bases.

Danses traditionnelles de Potosi: expression des droits culturels




















dimanche 29 juillet 2007

Centre de Cultures Originaires KAWSAY



Incroyable mais vrai, dans cette grande ville, il y a une piste cyclable, la seule, qui justement passe tout près de mon travail. Ainsi chaque matin j’ai le bonheur de pouvoir dégourdir mes jambes jusqu’au Centre de Cultures Originaires KAWSAY où je travaille déjà plus d’un mois aussi avec ma nouvelle « contraparte », ma partenaire Carla Bazoalto. Carla est la responsable du cours de Pédagogie Interculturelle qui fait partie du domaine de « Yachay » qui signifie le savoir, les valeurs, l’apprentissage en quechua selon le modèle de la Chakana, symbole des peuples indigènes qui sert de base méthodologique au Kawsay. Je reviendrai sur cette thématique avec plus de détails une fois que j’en saurai plus, promis.

Pour le moment je suis dans la phase d’aclimatation et d’intégration dans ma nouvelle équipe de travail d’une quinzaine de personnes. Heureusement que dès le début c’est une ambiance familiale et chaleureuse qui m’a accueilli ce qui aide beaucoup à l’intégration. Quand il y a une fête ou un anniversaire nous nous réunissons pour le 21 juin, car c’était le Nouvel An Andin, que nous avons célébré ensemble dès l’aube afin d’accueillir le soleil en faisant un rituel, la K’oa, et ensuite nous avons fait une journée sportive.


Quelques infos sur le KAWSAY


Le Centre de Cultures Originaires est une organisation non gouvernementale identifiée avec les peuples indigènes originaires et son processus socio-organisatif.

Kawsay a été fondé en 1999. Le centre de coordination est situé à Cochabamba mais son travail est réalisé au niveau national avec certaines régions des départements de La Paz, Oruro, Chuquisaca, Santa Cruz, Cochabamba et Potosí.

Kawsay signifie vie en quechua. Nous contribuons aux processus de développement des peuples indigènes en partant de leur propre vision, “sumaj kawsay, suma qamaña, teko kavi”, un développement intégral pour la vie pleine et en équilibre entre les êtres du cosmos.

Nous travaillons dans le cadre de l’éducation territoriale, communautaire et interculturelle afin de générer des processus d’analyse et de construction de propositions. Nous réalisons des processus de formation pour la récupération, recherche, systématisation et application de savoirs propres afin de créer des apports des cultures indigènes pour les sociétés actuelles.

Nous promouvons l’étude et l’application des droits des peuples indigènes, le renforcement institutionnel des propositions productives des communautés et la construction de la interculturalité a partir de la cosmovision des cultures indigènes originaires.

Nous organisons des cours, des séminaires, des ateliers, des échanges et des recherches afin de partager les connaissances, générer des dialogues de savoirs et construire des alternatives dans les champs suivants:

- Pédagogie Interculturelle

- Droits Humains et Droits des Peuples Indigènes

- Ecoproduction communautaire

- Recherche avec une identité propre

- Ecotourisme communautaire

- Changements climatiques

Depuis 10 ans Kawsay est aussi en processus de construction d’un projet d’éducation alternative supérieure indigène, la UNIK, Université Indigène Originaire Interculturelle Kawsay, ensemble avec les organisations indigènes originaires et communautaires en Bolivie. Ce projet prétend récupér et valider les postulats fondamentaux des visions et formes de pensées des cultures indigènes originaires, et les appliquer en combinant les systèmes de connaissances scientifiques non indigènes afin de construire une société pluriculturelle non excluente.

Pour plus d’informations je vous invite à visiter la page web: www.kawsay-unik.org





samedi 7 juillet 2007

ALLIN P’UNCHAY KACHU COCHABAMBAMANTA

ALLIN P’UNCHAY KACHU COCHABAMBAMANTA BOLIVIA SONQONMANTAPACHA

Un grand bonjour depuis Cochabamba, le coeur de la Bolivie

Eh oui, me voici déjà plus d’un mois en Bolivia, plus précisément à Cochabamba, grande ville située au cœur de la Bolivie, connue comme la capitale des vallées, située à 2’500m. d’altitude avec plus de 1'110’000 millions habitants (recensement de 2001). Comme vous pouvez imaginer, c’est un grand changement et choc pour moi après avoir vécu 3 années de vie dans la paisible petite ville blanche de Sucre d’à peine plus de 220’000 habitants.

NOTRE CASITA















Je dois donc apprendre à me frayer dans les grandes avenues encombrées de voitures, taxis, minibus, bus, camions et supporter les odeurs plutôt nauséabondes par endroit. Mais heureusement il y a encore des coins plus « nature » et tranquilles comme notre nouveau quartier, Sarco, où Edwin et moi avons élu domicile. Quelle chance j’ai eu de rencontrer une compatriote allemande mariée à un bolivien lors de ma première sortie ici qui venait justement de construire une maison!