vendredi 3 décembre 2010

INVITATION:

5ème

RENCONTRE-FÊTE

INTI

A quelle heure?: 16h

Où?: Maison de Quartier de Plainpalais. 1, rue de la Tour.

Arrêt de Tram 12, 13,14 : Pont d’Arve. Bus 1.

(Attention: changement d’adresse!)

Cher(e)s ami(e)s, proches et collègues du groupe de soutien INTI,

me voici de retour en Suisse pour mon séjour de fin de contrat avec Kawsay et début de contrat avec le CEPJA et donc, comme de coutume, je vous invite à participer à notre rencontre-fête INTI afin de partager avec vous mes expériences de vie et de travail boliviennes à Cochabamba, au début de mon 3ème contrat comme cooper-actrice E-CHANGER.

Voici quelques points forts du programme:

  • Ma/notre vie en Bolivie: déménagement, mariage, ..
  • Quelques infos sur la situation sociopolitique en Bolivie
  • Bilan de travail avec le Centre de Cultures Originaires KAWSAY: résultats principaux des 3 années de travail
  • Mon nouveau partenaire: le Centre d’Éducation Permanente Alternative de Jaihuayco (CEPJA): mes activités des 6 premiers mois et perspectives future
  • Vente d’artisanat et produits INTI: cartes postales, stylos, t-shirt et CD de musique de Noël avec 3 chansons enregistrées avec les enfants du CEPJA (pour vos cadeaux de Noël
  • Musique bolivienne folklorique et de Noël avec Edwin Valdez et autres musiciens
  • Repas du soir: soupe typique de cacahuètes (sopa de mani), boissons naturelles de pêches séchées et d’orge, et autres spécialités boliviennes et suisses.

Alors, nous vous attendons pour partager ce beau moment d’échanges chaleureux interculturels en ce début d’hiver rigoureux. Sachez que vous pouvez passer un moment seulement si vous avez peu de temps et avec vos enfants bien sûr!.

Merci de bien vouloir confirmer votre présence par téléphone au 7574888 ou bien par courrier électronique: aletikita@gmail.com


A bientôt, hasta pronto!


mardi 2 novembre 2010

ACTIVITES SOCIO-CULTURELLES AVEC UN RESEAU D’ETABLISSEMENTS SCOLAIRES DE LA ZONE SUD DE COCHABAMBA

Dans le cadre de mon travail au CEPJA (Centre d’Education Alternative Permanente de Jaihuayco) dans le quartier de Jaihuayco, au sein de l’équipe de « Formation communautaire », avec mon collègue Saul nous travaillons directement avec les directrices de 9 établissements scolaires (jardin d’enfant, écoles primaires et secondaires) publics, privés et mixtes (appartenant à l’Eglise catholique) avec lesquelles nous avons conformé un réseau (Red 20). D’une part, dans le cadre de ce réseau nous organisons des formations d’actualisation pour les professeurs afin d’améliorer leurs pratiques pédagogiques.

Inauguration du Festival des Coutumes et Traditions avec autorités et directrices du réseau 20

Il faut savoir que la formation des enseignant(e)s en Bolivie est plutôt obsolète et peu adaptée au contexte pluriculturel bolivien. De plus les professeurs sont souvent résistant(e)s aux changements et de tendance plutôt conservatrice. Ils/elles ne sont pas toujours très d’accord avec notre président Evo Morales! Notre travail n’est donc pas facile et il faut faire preuve de pas mal de diplomatie afin de ne pas rompre les liens tissés pour des questions politiques.

D’autre part, en tant que CEPJA nous avons aussi comme objectif d’impulser au sein du réseau l’organisation d’activités socioculturelles (extra scolaires) sur les thématiques suivantes: interculturalité, équité de genre et environnement qui permettent aux professeurs comme aux élèves d’apprendre au travers de la pratique, de l’expérience vécue en utilisant la créativité.

Nous avons donc co-organisé 2 festivals jusqu’à présent. Le premier a été celui sur les Coutumes et Traditions du département de Cochabamba (« Feria Costumbrista »).

Chaque établissement scolaire a préparé un stand sur une des provinces du département afin de montrer sa culture, ses traditions, coutumes tout comme ses plats typiques. Cela ne pouvait manquer car à Cochabamba l’on vit pour manger!. Il y eu aussi une démonstration des danses de chaque région.

Le but primordial de ce festival a été celui de s’ouvrir à la diversité culturelle de chaque province et de mieux la connaître afin de faciliter la génération de relations interculturelles et d’aider à diminuer les attitudes racistes qui sont malheureusement encore bien courantes dans les établissements scolaires.

L’autre festival que nous avons organisé comme réseau a été celui de théâtre « Festisur » afin de promouvoir l’apprentissage de la lecture et la littérature au travers de la pratique du théâtre et de la promotion de la créativité artistique.

Mis à part ces festivals, comme CEPJA nous avons aussi co-organisé avec le Réseau de Participation Citoyenne et Control Social un Festival sur l’environnement « Prenons soin de notre mère terre ». Avec mon collègue Saul nous avons impulsé l’organisation d’un théâtre de marionnettes sur le thème des déchets. Il faut savoir que dans le quartier de Jaihuayco et à Cochabamba en général il est normal de jeter les déchets dans la rue et de ne pas faire de tri des déchets. Saul a donc écrit une histoire sur la thématique et nous avons fait les marionnettes tout comme jouer différents rôles ce jour-là. Ce fût une belle expérience éducative et créative à la fois.


samedi 7 août 2010

RENCONTRE ANNUELLE DES VOLONTAIRES SUISSES EN BOLIVIE



Fin juillet –début août nous avons été une nouvelle fois réunis tous les volontaires suisses avec nos organisations partenaires boliviennes des 3 organisations d’envoi, E-CHANGER, INTER-AGIRE et INTERTEAM. Nous étions environ 50 personnes en comptant les enfants des volontaires. Ce fût un beau moment de retrouvailles, de nouvelles rencontres, d’échanges et de partages enrichissants. Comme je suis une « ancienne » volontaire ici, eh oui, le temps passe…, j’ai eu plaisir à revoir les autres anciens et ex-volontaires comme Olivier Barras, sa femme Ingrid qui est la nouvelle coordinatrice d’E-changer et leurs trois filles.

Les 3 coordinatrices: Claudia Heid (Interteam), Elke Kalkowski et Ingrid Barras (E-changer et LED)

Le thème central fût celui du Bien Vivre (el vivir bien) tant au niveau de la conjoncture socio-politique qu’au niveau personnel, de notre vie ici en Bolivie. Grâce aux interventions de 2 invités, José Antonio Rocha, directeur du Kawsay et Rafael Puente, ex-préfet du département de Cochabamba nous avons pu avoir une vision plus critique du processus actuel de construction de l’Etat plurinational qui est doublement long, selon Rafael Puente, car il est démocratique et culturel. Il a aussi fait part de sa préoccupation quant à un certain autoritarisme de la part du gouvernement au pouvoir. Selon lui il n’existe pas de participation réelle des organisations sociales car le control social doit s’exercer à partir du peuple et non du gouvernement. Ceci est dû en partie au fait que la mentalité et les comportements coloniaux perdurent et ne permettent pas encore une « vraie » transformation au niveau de la gestion du gouvernement. Lié à ce facteur est aussi celui de la promotion d’une économie d’extraction des ressources naturelles avec la construction de méga projets d’électrification et d’usines au mépris de la protection de la très chère mère terre. La pachamama a bon dos ! « Exporter ou mourir » est un slogan qui est courant dans la bouche des orateurs du gouvernement mais le danger est que nous allons mourir en exportant selon Rafael Puente. Mis à part toutes ces contradictions de la gestion du gouvernement actuel, le compromis reste là car « nous avons gagné en dignité » comme peuple bolivien durant tout ce processus démocratique de changement, ajouta- t’il en conclusion.

Rafael Puente

Durant cette rencontre annuelle nous avons aussi mieux connu les organisations partenaires boliviennes avec lesquelles nous travaillons au travers de stands d’information de chaque organisation: le marché de la diversité. Ce fût ainsi l’occasion pour moi de montrer ma nouvelle organisation partenaire: le Centre d’Education Alternative Jaihuayco (CEPJA). Comme vous l’aurez sûrement lu dans le dernier journal INTI, j’ai tourné une nouvelle page ici et commencé à travailler avec cette nouvelle institution dont son travail éducatif est principalement axé sur les Droits Humains et la Participation Citoyenne, ce qui correspond à une des lignes thématiques du programme institutionnel actuel d’E-CHANGER.

Nous voilà donc avec mon collègue Saul Gimenez en train d’expliquer la structure et la multitude d’activités du centre au moyen du symbole de la croix andine, la « chakana ».

Ce marché de la diversité a aussi permis de faire des contacts entre organisations ayant une vision similaire afin de tisser ainsi un réseau plus ample de travail en commun, notre défi restant celui de générer plus d’impact à partir d’actions communes et en réseau dans le domaine des droits humains et de la souveraineté alimentaire, les 2 axes thématiques priorisés pour le programme d’E-Changer en Bolivie.

Voilà pourquoi durant cette rencontre annuelle, il y eût aussi un espace de réunion pour les groupes de travail sur ces deux thématiques-là. Dans le cadre de mon groupe de travail sur la souveraineté alimentaire nous avons organisé une visite au marché écologique « la Ecoferia » afin de soutenir cette initiative qui a de la peine à fonctionner par manque de soutien des autorités locales et aussi d’éducation environnementale. La plupart des « cochabambina(o)s » vivent du mythe que tout ce qui s’y produit est naturel ! Alors que ce n’est pas le cas du tout car beaucoup d’engrais chimiques et pesticides interdits chez nous sont encore utilisés ici…


dimanche 25 avril 2010

CONFÉRENCE MONDIALE DES PEUPLES SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LES DROITS DE LA TERRE MÈRE


Durant 3 jours (du 20 au 22 avril) j’ai pu participer tout comme 35'000 autres personnes de 142 pays à la conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et droits de la Terre Mère comme je vous l’avais annoncé dans mon article antérieur. Ce fût donc une immense foule représentant la diversité des peuples du monde entier et l’ampleur du problème du changement climatique qui se réunit à Tiquipaya, un village à 30 km de Cochabamba au pied de la montagne Tunari qui s’avéra à la fin plutôt petit vu la multitude des participant(e)s et délégations officielles (47). Vous pouvez donc vous imaginer les larges queues lors de l’accréditation le premier jour ! Heureusement que j’avais pris la précaution de m’accréditer le dimanche d’avant comme une bonne suisse organisée et prévoyante J

Mis à part certains problèmes de logistiques plutôt inévitables vu le nombre de personnes, je dirais que l’évènement fût plutôt bien organisé avec beaucoup de conférences liées à la thématique comme les Causes structurales du Changement Climatique, la Dette Climatique, le Tribunal International de la Justice Climatique, les Droits de la Terre Mère, avec des invité(e)s de renommée internationale comme Naomi Klein (Canada), François Houtard (Belgique), Miguel d’Escoto (Nicaragua), Leonardo Boff (Brésil), Alberto Acosta (Ecuateur), tout comme la présence de personnalités intellectuelles et politiques boliviennes comme Alvaro Garcia Linera, David Choquehuanca, Xavier Albo et bien sûr le président Evo Morales. J’aimerais partager avec vous ces quelques réflexions suivantes issues des conférences qui me paraissent intéressantes:

-La cause principale du changement climatique est le capitalisme et son système et mode de production effréné basé sur l’accumulation de biens matériels et de l’exploitation des ressources naturelles.

-Nous sommes en plein dans une crise climatique et l’unique issue est celle d’en finir avec le système capitaliste car il en va de notre vie et de celui de la terre mère. Selon les mots d’Evo, soit le capitalisme meurt, soit la mère terre.

-La science ne va pas nous aider à trouver une issue à la crise climatique car ce sont d’autres connaissances qui sont nécessaires en partant de la diversité culturelle des peuples indigènes et de leurs modes d’existence. Nous devons dé-construire les connaissances occidentales et entrer dans un dialogue des savoirs. Il nous faut trouver des alternatives civilisatrices.

-La mère terre est un super organisme vivant, un système vivant et elle est un sujet de droits et de dignité. C’est une nouvelle réflexion au niveau juridique. Il nous faut repenser les fondements philosophiques lors de l’élaboration des futures lois et déclarations.

-Maintenant commence le temps de la biocivilisation. Les siècles passés on été centrés sur l’être humain, les droits de l’Homme. Le 21ème siècle est celui de la nature, de la terre mère. Les Nations Unies doivent se convertir à une entité plus grande qui inclut les Droits de la Terre Mère.Le Conseil des Droits de l’Homme devrait devenir celui des Droits de la Terre Mère et des Droits de l’Homme (Miguel d’Escoto).

-Le paiement de la dette climatique par les pays du nord industrialisés est essentiel car c’est une question de justice. Ce sont eux qui sont la cause principale des changements climatiques dont nous sommes affectés au sud.

-La solution ne vient pas du Nord mais de nous autres du Sud qui devons générer une grande alliance entre peuples du sud et du nord et aller en force au prochain sommet mondial de Cancun (Mexique). Il nous faudra utiliser le chantage ou le boycott afin de faire entendre nos résolutions.

Mis à part ces conférences il y avait une grande quantité d’évènements autogérés par diverses organisations boliviennes et internationales. L’autre espace de participation plus direct et concret a été celui des 17 tables de travail plus une, la 18, la non-oficielle, qui s’est dédiée à générer un débat critique sur les politiques environnementales contradictoires du gouvernement actuel. Les conclusions des 17 tables de travail, « qui viennent d’en bas et demandent à être entendues en haut » sont, entre autres : la nécessité de la création des droits de la Terre Mère; la création d’un tribunal international de justice climatique, qui possède le pouvoir de punir les individus, les entreprises et les Etats qui détruisent la nature; une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, principalement de la part des pays industrialisés, qui doivent « décoloniser et rendre l’atmosphère à l’ensemble des êtres humains »; la limitation à un maximum de 1 degré le réchauffement climatique, et non pas à deux degrés comme le propose “l’accord antidémocratique et insuffisant de Copenhague”; le paiement de la dette climatique par les pays industrialisés aux pays appauvris, sans conditions, et à hauteur de 6% de leur PNB; la tenue d’un référendum mondial sur le climat à réaliser dans tous les pays du monde dans une année, le 22 avril, jour de la planète Terre, qui demanderait entre autres à tous les citoyens du monde s’ils sont d’accord de changer le système capitaliste, de transférer les dépenses militaires en dépenses pour la défense de la planète et de créer un tribunal climatique.

Le président Morales s’est engagé à apporter en personne ces conclusions au Secrétaire des Nations Unies, afin qu’elles soient prises en compte lors de la prochaine conférence des Nations Unies sur le changement climatique, qui se réalisera au moins de décembre à Cancun, au Mexique.

Le Kawsay présent à la CMPCC

Nous avons décidé comme Centre de Cultures Originaires Kawsay de monter un stand afin de rendre plus visible notre travail effectué dans les communautés indigènes de sensibilisation et promotion de la production écologique communautaire comme une stratégie possible de prévention du changement climatique et de lutte pour la souveraineté alimentaire des peuples. Le succès de notre stand fût dû surtout à l’exposition d’une trentaine de variétés de pommes de terre natives de la communauté de Moyapampa de la nation indigène Kallawaya (département de La Paz) d’où proviennent mes collègues Eulogia et José. Il faut aussi souligner que nous venions d’avoir faire la cueillette de ces pommes de terre, alors c’était d’autant plus gratifiant de voir l’intérêt suscité.

En guise de conclusion, je dirais que cette conférence a été un espace important d’échanges et de prises de position entre les peuples du monde entier, du nord comme du sud, tous préoccupés par l’état de santé de notre planète, de la terre mère. La tâche la plus importante actuellement est celle de diffuser l’accord issu de cette conférence mondiale sur le changement climatique et d' en faire un suivi au sein de nos organisations et gouvernements afin qu’il soit pris en compte lors des discussions du prochain sommet à Cancun. Le réseau tissé entre les peuples lors de cette conférence devra faire preuve de beaucoup de détermination et force afin de se faire entendre par les représentants des grands pays industrialisés du système capitaliste!

Autres liens :

Si vous voulez lire tout le texte de l’accord des peuples qui est le résultat de la conférence, visitez le site officiel: http://cmpcc.org/

Le blog de Mathieu Glayre, volontaire E-changer et journaliste radio qui m’a inspiré et dont j’ai tiré certaines parties de mon texte: http://blog.e-changer.ch/creciendo/ .Ses articles sont aussi parus dans le journal Le Courrier.



dimanche 4 avril 2010

PRE-CONFERENCE DES PEUPLES INDIGENES ET ORGANISATIONS SOCIALES SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LES DROITS DE LA MERE TERRE



Cette semaine (29 et 30 mars) a eu lieu à Cochabamba la Pré-Conférence des peuples indigènes sur le changement climatique et les droits de la mère terre organisée par le Ministère de l’environnement de l’Etat Plurinational en coordination avec toutes les organisations mères des peuples indigènes des terres hautes et basses ainsi que les organisations syndicales paysannes et ouvrières (COINCABOL-PACTO DE UNIDAD) avec pour but de construire une position commune de toutes ces organisations boliviennes en vue de la Conférence Mondiale des Peuples Indigènes sur les Changements Climatiques et les Droits de la Mère Terre qui aura lieu en avril à Cochabamba. J’ai pu moi-même assister à l’acte d’inauguration durant lequel le président Evo Morales y fit une apparition (ce n’était pas prévu et on a attendu environ 1h…). Voici donc en résumé ces propos :

On entend parler que Copenhagen (la conférence mondiale sur les changements climatiques) a été un fracas. Au contraire pour moi cela a été un triomphe pour les peuples et un fracas pour l’empire (les EEUU et son modèle capitaliste) car nous avons montré que nous pouvons nous organiser entre les peuples afin de réaliser un document qui sauve la mère terre. Nous avons donc une énorme responsabilité avec la vie, avec l’humanité qui habite la mère terre. Fidel Castro en tant qu’avant-gardiste avait déjà parlé durant les années 90 d’une dette écologique au lieu d’une dette externe. En fait nos propositions viennent de nos longues années de lutte contre les gouvernements néolibéraux. Quant nous parlons de réchauffement climatique, en fait ce sont les pays développés qui en sont responsables mais nous aussi, si nous ne faisons rien, sommes co-responsables. Pour la Conférence Mondiale à venir nous avons 100 pays inscrits déjà et donc le grand défi est que tous ces gouvernements soutiennent la proposition qui en sortira. Nous devons donc arriver à des consensus au niveau national et international car c’est la vie de la terre qui est sous notre responsabilité. Il ne s’agit pas de sauver la Bolivie mais de sauver le monde entier. La Bolivie peut donc se convertir en un centre de réflexion sur la Mère Terre. En ce moment il y a seulement 2 chemins au choix, celui de la mort du capitalisme ou celui de la mort de la mère terre. Pour nous le chemin à suivre est clair. Ce nouveau millenium est celui du respect à la Mère Terre qui inclut celui des Droits Humains. Si les Droits de la Mère Terre sont respectés, les Droits Humains le seront aussi. La Déclaration des Droits de la Mère Terre doit donc être un document de consensus au niveau de toutes les organisations sociales du monde entier et refléter l’union mondiale des peuples face au danger de mort de la Mère Terre.

Après les mots du président, les représentant(e)s des organisations indigènes et sociales se sont répartis dans 17 groupes de travail sur différentes thématiques (les mêmes qui seront discutées lors de la Conférence Mondiale), en commençant par les Causes des Changements Climatiques jusqu’à la création d’un Référendum sur les Changements Climatiques et du Tribunal de Justice Climatique. Personnellement j’ai pu assister à la mise en place du groupe de travail sur la Déclaration des Droits de la Mère Terre à laquelle participa aussi Pablo Solon, l’ambassadeur bolivien des Nations Unies. Ce fût un espace de discussion très intéressant où l’implication même de donner des droits à la mère terre fût débattue en relation aux droits humains. Il a été question par exemple de la vision intégrale et holistique des peuples indigènes dans les sens où l’être humain fait partie de la Mère Terre au contraire de notre vision mercantiliste (occidentale) où l’Homme est un acteur externe qui use de son pouvoir pour exploiter les ressources de la Mère Terre. Comme résultat de ce groupe de travail, une première proposition de Déclaration a vu le jour dont je citerai quelques éléments importants dont les droits suivants de la Mère Terre :

- droit à la vie

- droit à la régénération de sa capacité biologique et à la continuation de ses cycles vitaux

- droit à ne pas être contaminée

- droit à l’eau comme source de vie

Dans cette proposition il existe aussi une partie sur les Devoirs et Obligations des Etres Humains avec la Mère Terre afin de garantir la reconnaissance, l’application et l’exécution des Droits de la Mère Terre. En effet, je pense qu’il est capital d’inclure les responsabilités que nous avons en tant qu’Etres Humains quant à la préservation de notre planète Terre car nous-mêmes sommes la cause principale de son mauvais état de santé. Alors passons du discours à l’action et espérons donc que la Conférence Mondiale des Peuples sur les Changements Climatiques qui aura lieu dans 15 jours ici ira dans ce sens-là. Je vous tiendrai au courant comme j’y participerai avec mes collègues du Kawsay.

samedi 27 février 2010

Conformation du groupe de travail thématique sur la Souveraineté Alimentaire


1ère rencontre

Dans le cadre de notre travail de volontaires suisses en Bolivie, il existe actuellement 2 groupes de travail sur les axes thématiques suivants : l’un sur les droits humains et participation citoyenne et l’autre sur la souveraineté alimentaire. Le but principal de ces 2 groupes de travail, auxquels nous participons, volontaires et organisations partenaires du sud, est celui de générer un espace de réflexion, d’apprentissages mutuels, de formation et d’incidence sur les thématiques en question. Avec mon organisation Kawsay nous faisons partie du groupe sur la souveraineté alimentaire comme notre travail actuel y est bien lié, s’agissant de la promotion d’une agriculture écologique et communautaire à partir des pratiques culturelles comme celle de l’utilisation des semences natives des peuples indigènes. Comme je suis une « ancienne » volontaire ici, j’ai proposé d’aider à organiser les 2 premières rencontres avec Mathilde (volontaire d’E-changer) et Giacomo (volontaire d’Inter-Agire).

L'arbre à synthèse

Comme nous débutons avec une thématique nouvelle, il a fallu tout d’abord nous organiser comme groupe de travail et aussi éclaircir un peu les concepts de souveraineté et sécurité alimentaire. Après avoir discuté pas mal, nous sommes tombés d’accord sur le fait que les 2 concepts sont complémentaires mais que pour nous parler de souveraineté alimentaire va beaucoup plus loin que la sécurité alimentaire, dans le sens où il est question de l’exercice du droit des peuples à décider de quoi se nourrir, de quoi produire et comment. La question du comment est fort importante car quand on parle de souveraineté alimentaire il est question d’une agriculture écologique à petite et moyenne échelle en pensant spécialement aux populations du sud qui doivent faire face à la malnutrition et la faim. Il n’est pas question de donner à manger à tout le monde sans avoir des critères sur l’origine des produits qui peuvent être traités chimiquement voire être transgéniques comme c’est le cas de certains programmes de sécurité alimentaire des grands organismes internationaux (Banque Mondiale, Organisation Mondiale de Commerce ou le Fonds pour l’Alimentation des Nations Unies) ou le cas du programme du gouvernement brésilien « Faim zéro ».

La dynamique sur l'accès à l'eau potable d'Olivier Barras

Quant à la question de générer des actions d’incidence publique, nous avons prévu de participer à la Conférence Mondiale des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Mère Terre qui aura lieu à Cochabamba en avril. Comme vous vous rappellerez sûrement, après l’échec de la Rencontre de Copenhagen sur le Changement Climatique, le président bolivien Evo Morales décréta qu’il était urgent de se réunir entre organisations sociales au niveau international afin de prendre des décisions à la hauteur de la problématique. Nous avons donc décidé de participer comme groupe de travail à cet évènement qui promet d’être riche en échanges. Personnellement je suis déjà inscrite au groupe de travail sur les droits de la mère terre. C’est un nouveau concept qui m’interpelle: après les droits humains, voilà ceux de la mère terre, la pachamama, c’est beau non ? Pour plus d’infos, visitez la page web de la conférence, www. cmpcc.org

A ce sujet il y a aussi une propostion de l’un des membres du groupe de soutien, Bernard Perrin (oui, le journaliste romand du journal Le Courrier !), qui est celle d’éventuellement co-organiser un évènement avec E-changer et nos organisations partenaires durant la manifestation. Cela serait en effet une bonne idée d’action publique de sensibilisation et visibilisation de notre travail ici. A voir donc qu’en pense E-changer …

Durant notre rencontre, il faut souligner que Bernard a profité de faire une interview sur la thématique à Asunta Salvatierra, la responsable du Mouvement Sans Terres Cochabamba et à Ane Piepenstock (directrice d’une ONG Agrecol Andes) pour sa diffusion en Suisse à Radio Lora de Zurich. Vous pouvez l’écouter en déchargeant le programme Info Latina en espagnol: http://www.lora.ch/sendungen/alle-sendungen/67?list=Info+Latino (mardi 09/02/10, 18.00-19.00, 49')

Voilà donc en résumé quelques points forts des 2 premières rencontres que nous avons eu au sein de notre petit groupe pour le moment, une dizaine de personnes de 6 organisations différentes, mais celui-ci prévoit de s’élargir et de travailler en réseaux avec d’autres organisations intéressées à la thématique, comme c’est le cas du groupe de travail des volontaires suisses allemands d’Interteam. Nous avons donc convenu que lors de la prochaine rencontre des volontaires suisses fin juin, nous allons nous unir et réorganiser ce groupe de travail sur la souveraineté alimentaire. Voilà un bel exemple d’interculturalité suisse, non ?

2ème rencontre


dimanche 31 janvier 2010

Cérémonie rituelle du renouvellement du mandat d’Evo Morales à Tiwanaku


Le 21 janvier passé, Evo Morales, a été possessionné comme leader spirituel de la Bolivie lors d’une cérémonie andine qui s’est déroulée sur le site archéologique de Tiwanaku (La Paz) où environ 50'000 personnes de Bolivie et du monde entier s’étaient rassemblées, dont de nombreux(ses) représentant(e)s des peuples indigènes du Pérou, d’Equateur, Canada, Chili, Argentine et Etats-Unis. Il y a en effet un grand espoir de changement pour les peuples indigènes des Amériques (Nord, Centrale, Latine) qui est alimenté par la Bolivie et surtout par le représentant indigène Evo Morales.

Personnellement je n’ai pas pu aller assister à la cérémonie mais 3 de mes collègues ont été et ils ont partagé certaines impressions avec moi en quelques mots et images. Selon eux, l’énergie positive du lieu même s’est ressentie et a irradié durant tout le rituel.

Au niveau de la symbolique du rituel même, ce qui me paru très émouvant fût le fait que le président durant toute la cérémonie marchait au rythme d’une personne âgée indigène aymara de 100 ans, qui représentait tout le savoir et la sagesse héritées de ses ancêtres. Selon José Mendoza, mon collègue Kallawaya, cette femme représente la transmission du savoir de génération à génération de manière orale. Il était aussi accompagné de 8 sages indigènes aymaras (4 hommes et 4 femmes) qui lui ont montré le chemin de la sagesse au cours des rituels d’offrande à la Mère Terre aux 4 points cardinaux. Au niveau de ses vêtements, Evo était aussi vêtu d’un bonnet fort symbolique nommé « chu’ku » à 4 pointes. En langue aymara, cela signifie que celui qui le porte a le devoir d’unir, d’assembler, de coudre la pluralité, représentée par les 4 pointes. On dit que toute cette cérémonie avait été lue auparavant dans des feuilles de coca par un savant indigène (yatiri).

Ce qui me parut aussi significatif, en suivant toute la cérémonie à la TV, fût le fait que pour une première fois, Evo Morales ait fait son discours dans les 3 langues indigènes majoritaires, le quechua, l’aymara et le guarani en plus de l’espagnol. C’est donc un signe important de passage de l’Etat colonial à l’Etat pluriculturel et plurilingue. Le contenu de son discours allait aussi dans ce sens-là puisqu’il décréta qu’en ce jour-là l’Etat colonial disparaissait pour laisser place à l’Etat Plurinational. « Nous avons attendu 180 ans pour refonder la Bolivie et garantir un Etat Plurinational où tous les peuples indigènes ont les mêmes droits. Nous autres, peuples indigènes du monde entier devons toujours être debout et jamais agenouillés devant le capitalisme ». Il a aussi réitéré son message de défense de la Mère Terre (la pachamama) et d’une politique centrée sur le vivre bien, et non le vivre mieux, en faisant appel aux mouvement sociaux afin d’assumer cette responsabilité, sinon cela reviendrait à être des complices du capitalisme, dit-il.

Toutefois, on pourrait faire une critique quant à cette cérémonie sur le fait que la spiritualité et la cosmovision des peuples indigènes des terres basses, qui représentent plus de 30 cultures ou ethnies, n’aient pas été prises en compte. Ce fût nettement un rituel des peuples des Andes, ce qui ne reflète donc malheureusement pas toute la diversité de l’Etat bolivien décrété plurinational.

Le caractère symbolique de la possession du président continua le lendemain lors de la cérémonie officielle dans le palais du gouvernement, tout particulièrement quand Evo Morales arbora sa nouvelle écharpe présidentielle avec les couleurs de la wiphala (couleurs du drapeau des peuples indigènes) en plus de celles du drapeau bolivien. Dans la chambre des députés on a aussi rajouté les tableaux des leaders indigènes Tupac Katari et Bartolina Sisa. Autre fait aussi très symbolique est celui d’avoir enlever la bible et la croix comme objets protocolaires lors de l’acte de jurement du mandat présidentiel. Le président a donc émis à la population bolivienne plusieurs messages symboliques de décolonisation fort percutants, pour ce nouveau mandat de 5 ans il lui reste à relever le défi de mettre en pratique cette vision de décolonisation et du vivre bien dans le cadre de l’implémentation de politiques de gestion à tous les niveaux, national, départemental et local. Ce sera sûrement un long processus comme les mentalités ne se changent pas aussi facilement que les symboles!

Equité de genre au sein du cabinet présidentiel de l’Etat plurinational

En tant que femme, je crie VICTOIRE ici en Bolivie car c’est une première dans son histoire et au niveau international aussi je pense: le nouveau conseil des ministres élu par Evo Morales inclut à 10 femmes et 10 hommes ministres. Ceci représente la parité ou bien ce que l’on dénomme ici la complémentarité, le chacha-warmi ou qhari-warmi (homme-femme en aymara ou quechua). Il existe aussi une diversité au niveau socio-culturel puisque 6 des 10 femmes sont du milieu académique et professionnel, 3 des mouvements sociaux et une du milieu artistique. Voilà donc une mesure d’un gouvernement du sud digne d’exemple pour nos gouvernements du nord, notamment pour nos autorités suisses, n’est-ce pas?