mardi 18 septembre 2007

Les jeunes de Yascapi exercent-ils leur droit à la participation?

Dynamique de présentation avec les jeunes de l'école de Yascapi, Potosi.

Dans le cadre de notre travail de suivi des participant(e)s du cours de Pédagogie Interculturelle Carla et moi avons été à Yascapi, une communauté au Sud de Potosi. Lorsque nous sommes arrivés nous avons eu la chance de pouvoir assister à leur festival local de danses traditionnelles organisé par les écoles de la région. Cela fût une belle démonstration de l’effort de récupération de la richesse et diversité culturelle existante entrepris par le milieu éducatif car les effets de la modernisation et de la migration des jeunes sont fort visibles dans la région vu la proximité de la frontière argentine. Avec Carla nous avons animé un atelier avec une vingtaine d’écoliers et deux professeurs sur le thème de l’interculturalité et de l’exercice de la démocratie au niveau local en analysant les espaces et formes de participations des jeunes au sein des organisations de base, indigènes et syndicales. Les jeunes ont répondu de manière positive et ont illustré toutes leurs connaissances et expériences grâce au travail de groupe où par communauté ils ont dessiné le contexte géographique, productif, socioculturel et de l’organisation politique. De manière générale nous avons pu constater que les jeunes ne participent pas beaucoup dans les organisations syndicales ou indigènes en raison de leurs règlements qui ne permettent une participation active que dès 18 ans et suivant l'organisation seulement quand la personne est mariée elle a le droit de s'affilier. Dans leurs écoles et dans le domaine sportif et culturel les jeunes sont beaucoup plus actifs.

En conclusion, les jeunes ont montré de l’intérêt pour ces thématiques nouvelles qu’ils n’avaient jusqu’à présent pas touchées. Les thèmes conjoncturels ne sont malheureusement pas souvent intégrés dans les programmes scolaires. Ce fût donc une enrichissante première expérience que nous espérons pouvoir continuer en promouvant la participation de nouveaux jeunes pour le cours suivant prévu d’ici la fin de l’année.

Travail de groupe: dessein des caractéristiques de la communauté













Jallalla ! Victoire pour les peuples indigènes : leurs droits sont reconnus au niveau international.

Au terme de plus de vingt ans de négociations, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté, jeudi 13 septembre, une déclaration symbolique reconnaissant de larges droits aux quelque 370 millions de personnes appartenant aux peuples autochtones, souvent marginalisés à travers le monde.

Le texte proclame "le droit à l'autodétermination" des peuples autochtones et réclame pour eux, le cas échéant, "des réparations". Il vise notamment à protéger la spécificité de leur culture, l'intégrité de leurs terres, et à les prémunir contre toute discrimination.
Selon le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'adoption de la déclaration est un "triomphe pour les peuples indigènes du monde entier". Elle marque, selon M. Ban, "un moment historique où les Etats membres de l'ONU et les peuples indigènes ont réconcilié leurs histoires douloureuses".
Seuls les Etats-Unis, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont voté contre la déclaration. Les quatre pays abritent de larges populations indigènes et craignaient que le texte n'ouvre la voie à de nouvelles revendications de ces minorités, au détriment d'autres groupes ou des lois nationales. Onze pays, dont la Russie et la Colombie, se sont abstenus, tandis que 143 pays ont voté pour.
Le document reconnaît aux peuples premiers le "droit d'être autonomes et de s'administrer eux-mêmes" et "le droit de ne pas subir d'assimilation forcée ou de destruction de leur culture". Ils doivent aussi pouvoir "contrôler leurs propres systèmes et établissements scolaires", avoir "leurs propres médias dans leur propre langue" ou encore ont "droit à leur pharmacopée traditionnelle".

"Les peuples autochtones privés de leurs moyens de subsistance et de développement ont droit à une indemnité juste et équitable", affirme par ailleurs la déclaration. Des mécanismes "de réparation efficaces" sont demandés pour ceux dont les terres, les ressources, les biens religieux ou culturels ont été spoliés, ou dont les populations ont subi un "transfert forcé".
La déclaration, qui n'est pas un traité, n'a "pas de conséquence juridique", affirme un expert français. Faute de consensus, le texte, promu principalement par les pays latino-américains, ne définit notamment pas ce qu'est un peuple autochtone. Ban Ki-moon a toutefois appelé les gouvernements à faire en sorte que "la vision derrière la déclaration devienne une réalité".

La convention n° 169 de l’OIT de 1989 sur les droits des peuples indigènes tribaux, élaborée sans les autochtones, avait reçu l'adhésion de trop peu d'Etats pour espérer doter le texte d'une portée universelle.
Mais cette Déclaration des Nations Unies
va bien plus loin que la Convention 169 de l’OIT (Organisation Internationale du travail) puisqu’elle revendique leurs droits à « l’autodetermination et à être autonomes et s’admnistrer eux-mêmes pour ce qui touche è leurs affaires intérieures et locales »ainsi que le droit « aux terres, territoires et ressources qu’ils possèdent et occupent traditionnellement ou qu’ils ont utilisés ou acquis ».

Donc, même si cette déclaration n’est pas coercitive au niveau légal, elle servira de guide aux États qui voudront s'y conformer en intégrant dans leur législation interne les droits fondamentaux de leurs peuples autochtones.

Un de ses pays est justement la Bolivie dont son gouvernement a vivement soutenu cette Déclaration ces derniers mois en exercant un certain lobby politique auprès des Etats latino amércains. C’est donc avec un cri de victoire que le gouvernement actuel du MAS a accueilli la nouvelle car l’approbation de cette déclaration renforce en effet la proposition de la construction d’un Etat plurinational et l’établissement d’autonomies indigènes dans la nouvelle Constitution de l’Etat qui est en discussion actuellement au sein de l’Assemblée Constituante. « Ceux qui nous traitent encore d’ignorants, de stupides, d’animaux actuellement comprendront que le monde entier aujourd’hui nous reconnaît et qu’il est nécessaire d’éliminer le racisme » affirma Evo Morales. Cette déclaration est donc un instrument de plus donc pour contre attaquer l’opposition conservatrice, tout particulièrement les comités civiques comme celui de Santa Cruz, qui revendique des autonomies départementales excluyant toute forme d’autogestion et d’autogouvernement de la part des peuples autochtones à l’intérieur de ce territoire.
Espérons donc que cette Déclaration internacionale puisse ouvrir une nouvelle porte dans ce procesus d’intégration de la diversité culturelle bolivienne au sein de ses institutions et normes juridiques.

Au sein du KAWSAY nous considérons cette Déclaration comme un outil juridique et politique stratégique pour les organisations de base et indigènes dans la conjoncture actuelle de statu quo et fracas de l’Assemblée Constituante. C’est pour cela que nous avons décidé comme équipe de la diffuser à tous nos partenaires indigène dans le cadre de nos processus de formation notamment afin qu’un certain lobby auprès des organisations étatiques puisses s’exercer depuis les bases.

Danses traditionnelles de Potosi: expression des droits culturels