

En effet, le dimanche passé (le 27 mars) j’ai pu voir de mes propres yeux la diversité culturelle de cette manifestation populaire: groupes de danseurs masculins déguisés en femmes, notamment en Shakira (chanteuse colombienne fort appréciée ici), musiciens et danseuses de « moseñada » ou « zampoñada » (rythmes typiques du Carnaval de l’Altiplano), chanteurs/chanteuses de versets typiques du Carnaval de la région du département de Cochabamba ont côtoyé des satires de personnalités politiques comme Kadhafi, Chavez ou des « Narcos » (trafiquants de cocaïne). Le local et le global se rencontrent donc dans la joie pour célébrer cette fête du Carnaval du Sud qui se caractérise pour être un lieu où l’on s’amuse en se mouillant au travers du lancement de ballons remplis d’eau et où les hommes aiment particulièrement se déguiser en femmes d’une manière plutôt « sexy » dirons-nous !.
Shakira
Lors des interviews réalisées aux directrices des écoles avec lesquelles nous travaillons, ce genre de pratiques a été critiqué comme étant le reflet de la culture machiste en plus d’être vulgaire vu l’accoutrement des hommes peu vêtus. « C’est un manque de respect vis-à-vis des femmes en général et aussi un manque de créativité » souligne Marina Rodriguez, la directrice du Jardin d’Enfants San Joaquin.
Afin de sensibiliser la population à ce genre de coutume peu respectueuses des femmes et aussi de l’environnement (gaspillage d’eau), il est intéressant de souligner que cette année une ordonnance municipale a été promulguée, grâce au lobby de notre conseillère municipale
Moseñada
Mis à part ces coutumes, on ne peut pas parler du Carnaval à Cochabamba sans mentionner la tradition des couplets du Carnaval qui sont créés et chantés par les gens eux-mêmes sur des thématiques diverses et accompagnés généralement d’instruments typiques dont l’accordéon. Lors de la commémoration de la journée internationale des femmes le 8 mars, un collectif de femmes (la Plateforme des Femmes) a organisé une action fort créative d’incidence politique, chanter des couplets de revendication de leurs droits pour un budget municipal assigné aux femmes. C’est une chanteuse fort populaire de la ville, Betty Veizaga, qui les a accompagnées devant les portes de la municipalité de Cochabamba. Voici donc quelques extraits de couplets traduits de ma part sans les rimes en espagnol:
Depuis le premier jour
Durant le mois de janvier
Nous demandons justice
Equité de genre
Aux municipalités
Qu’ elles nous donnent de l’argent
Sinon nous les pendons
Avec une cravate
De maires bien gros
Ai, nous n’en voulons pas
Oui, nous demandons de l’argent
Et ils font la sourde oreille
Ici les femmes
Nous voulons des financements
Afin de travailler
Dans des micro projets
Refrain :
Toutes les femmes
Avec les municipalités
Travaillons ensemble
Ah quelle merveille !
De nuit et de jour
Comme en famille.