dimanche 17 février 2013

VIVA EL CARNAVAL!: COUTUMES ET TRADITIONS DU CARNAVAL


En Bolivie et plus particulièrement à Cochabamba, la fête du Carnaval s’étend sur plusieurs semaines et est reconnue pour ses traditions et coutumes dont j’aimerais en partager quelques-unes avec vous. Tout d’abord, quant à la durée de la fête, elle commence le jeudi des « compadres » qui a lieu 2 semaines avant mardi gras et continue tout au long du mois de février, au-delà du mercredi des cendres qui selon le calendrier catholique marquerait la fin du Carnaval et le début du temps de Carême. S’il est certain que l’origine de la célébration de la fête du Carnaval en Bolivie est liée à la colonisation espagnole, la tradition chrétienne a été transformée et adaptée aux coutumes indigènes et populaires existantes en Bolivie et à Cochabamba tout particulièrement celles de la culture quechua. On pourrait dire qu’il existe un mélange, une espèce de syncrétisme entre les coutumes catholiques et indigènes, qui peut s'observer lors des manifestations culturelles, comme c'est le cas des danses folkloriques.  


Donc, les festivités du Carnaval en Bolivien commencent avec la fête des « compadres » est suivie le jeudi d’après par la fête des « comadres ». Littéralement « compadre » signifie compère, copain et parrain et « comadre » commère, copine et marraine. Pour les bolivien(n)es les « compadres » ou « comadres » sont à l’origine le parrain ou marraine de baptême ou d’une autre fête d’un de leurs enfants ou bien un ami ou une amie très proche et de confiance qui a aussi été parrain ou marraine lors de leur mariage (la coutume ici est de nommer par exemple un parrain de la fête, par exemple de la musique, de la décoration, du gâteau, etc..).  Actuellement, ce sont souvent entre ami(e)s et collègues que s’organise la fête durant laquelle par exemple on partage le plat typique du Carnaval de Cochabamba, le « puchero » (voir photo ci-dessous), on danse, on se déguise et on boit quelques verres (certain(e)s font des excès à ce niveau –là malheureusement). Mon amie et collègue Telma (administratrice de la coordination) avait organisé un bal déguisé avec concours de danse et déguisements chez elle et avait invité ses « comadres » boliviennes et suisses J


Au CEPJA on a aussi la coutume de fêter « compadres » et « comadres ». Tout d’abord ce fût notre tour aux femmes et nous avons préparé un repas typique pour eux, un « silpancho » (viande de bœuf pannée avec riz, patates, œuf frit et salade) et une collègue avait écrit des vers en rimes sur eux, comme des couplets satiriques et comiques que nous leur avons chanté. En  fait, dans les vallées de Cochabamba, c’est une tradition de chanter ces couplets du Carnaval, las « coplas carnavaleras » qui sont pleines d’humour et de malice, à double sens, et normalement c’est en couple que l'on chante car c’est une manière de flirter entre hommes et femmes. La femme entonne un couplet et l’homme y répond. Si vous avez envie d'en savoir plus, je vous conseille Betty Veizaga qui une chanteuse populaire connue de Cochabamba qui compose ses couplets qu’elle chante avec son mari en jouant du charango (Sur Youtube vous la trouverez sous son nom et "coplas canavaleras"…) .


-  Une semaine après ce fût au tour de nos compères de nous fêter, c’est une forme de réciprocité, et ils nous ont aussi invité un plat délicieux (« aji de fideo », un plat de nouilles avec une sauce rouge piquante) qu’ils n’avaient pas préparé eux-mêmes mais bon c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ?
Comme vous pouvez voir, la nourriture ne manque jamais à Cochabamba, à chaque occasion son plat, voilà pourquoi on a surnommé Cochabamba,  « comebamba » (de comer qui veut dire manger) !.

-          Après la fête des « comadres » viennent les célébrations plus rituelles je dirais de bénédiction de la maison, du négoce et du lieu de travail le mardi gras. Ce jour-là on fait la « ch’alla » de la maison et d’autres biens que l’on possède comme une voiture ou vélo dans notre cas, ça veut dire que l’on décore la maison avec des ballons, des serpentins, confettis entre autres et au coup de midi on fait sauter quelques pétards, on arrose d’alcool les 4 coins de la maison, et on brûle la  « k’oa » (pas tout le monde fait ce rituel andin, cela dépend des croyances spirituelles) qui est une offrande à la mère terre, à la pachamama afin qu’elle nous protège et que notre vie soit harmonieuse et équilibrée. Ce rituel consiste en un mélange d’herbes, d’encens, de graisse de lama, de coca, et d’autres objets en pâte de farine qui peuvent symbolisent la maison, un moyen de transport, le travail, etc.. et il y a toujours quelques « faux » billets d’argent afin de prospérer économiquement aussi; bref tout cela est brûlé et arrosé d’alcool pur et de vin.


Au CEPJA nous avons aussi fait la « ch’alla » et  la « k’oa » de notre centre avec la communauté éducative, enfants et parents et toute l’équipe des facilitateurs/trices. Nous avions aussi invité un professeur anthropologue, Wilfredo Camacho, qui nous aidé à expliquer  cette coutume quechua aux enfants et parents qui bien souvent ne la connaissent plus ou peu car en ville les traditions se perdent ou se transforment. En tant que centre éducatif, il est en effet  important pour nous de revaloriser et renforcer ces aspects rituels liés à la culture quechua et au respect de la mère terre.  


-    Pour beaucoup d’enfants, le carnaval est seulement lié à la diversion,  au « mojazon ». En effet, une autre tradition ici, lors du Carnaval, c’est de se mouiller, avec des ballons plein d’eau que l’on se jette ou bien maintenant avec des mégas pistolets à eau.  Comme c’est l’été ici et qu’il fait plutôt chaud normalement, c’est même agréable de se rafraîchir un peu J L’inconvénient c’est que beaucoup d’eau est gaspillée et qu’à Cochabamba pas tout le monde a accès à de l’eau potable…

En ville de Cochabamba, le Carnaval «  termine » avec le “Corso de Corsos” qui a lieu le samedi qui suit le mercredi des cendres. C’est une grande manifestation culturelle où l’on peut voir une grande diversité de danses folkloriques des différentes régions du pays, comme la « Morenada », « Diablada » d’Oruro, « Pujllay» de Tarabuco à Sucre, « Tinkus » de Potosi, « Afro Saya » des Yungas de La Paz et les « Caporales » (une danse représentative du Carnaval Cochabambino) ; toutes ces danses sont bien sûr accompagnées de leurs fanfares qui mettent bien de l’ambiance croyez-moi. Vive la fête! Que viva la alegria!