lundi 13 avril 2009

LES FEMMES PAYSANNES QUECHUA DE TOTORANI ET LA RÉCUPÉRATION DES POMMES DE TERRE NATIVES

En Bolivie, l’année passée, année internationale de la pomme de terre, ont été recensées 650 espèces de pommes de terre natives. Toutefois, si l’on compte les espèces natives qui sont encore cultivées aujourd’hui, ce ne sont qu’environ 80 pommes de terre natives. Dans la région de Totorani (hauts plateaux de la province d’Ayopaya, département de Cochabamba) où Kawsay est actuellement en train de gérer un projet de Récupération des espèces natives de pommes de terres, on ne trouve plus que 50 différentes espèces. C’est dans le cadre de ce projet-là que je suis actuellement en train de travailler avec ma collègue Hilda Vargas, elle-même aussi d’origine quechua de la province d’Ayopaya, afin de réaliser un feuillet revalorisant le rôle des femmes dans le processus de la production des semences natives de pommes de terre. Voilà pourquoi je l’ai accompagnée dernièrement lors de l’un de ses séjours dans les communautés de la région de Totorani où nous avons animé plusieurs ateliers avec les femmes paysannes quechua afin de collecter des informations utiles pour la réalisation de notre feuillet. Afin de rendre l’échange d’expériences plus didactique et plus explicite, nous avons utilisé le dessin comme outil de travail et aussi de valorisation des femmes, comme leurs dessins seront utilisés pour illustrer le feuillet à publier

Pour moi c’était tout d’abord important de rencontrer ces femmes et partager avec elles leurs expériences autour de la production des pommes de terres natives. Je me suis rendue compte qu’il est tout d’abord fondamental de les sensibiliser sur les conséquences néfastes de l’utilisation de produits chimiques en considérant tout le cycle vital, et en plus sur la perte de leur biodiversité et patrimoine génétique en ne produisant plus que des semences de pommes de terre améliorées. Il faut savoir que dans cette région-là seulement 30% de leur production de pommes de terre est naturelle (bio) et que cette production est seulement pour leur propre consommation, et non pas pour la vente. Durant nos discussions il est clairement ressorti que la production naturelle des pommes de terre natives n’était pas rentable pour elles et que s’il y avait un marché pour leurs pommes de terres natives, elles en produiraient plus, cela est certain. Actuellement, dans la ville de Cochabamba, dans certains supermarchés et marchés on trouve en effet des pommes de terres natives bio en vente à un prix un peu plus haut et avec un label de qualité. Il nous faudrait donc comme Kawsay travailler le thème de la commercialisation des pommes de terre natives en partant de la gestion communautaire de leur production. Nous voilà donc devant un nouveau défi à relever : comment générer une entreprise communautaire de pommes de terre natives para exemple? J’espère que cette étape de travail sera possible durant une future phase du projet afin de pouvoir véritablement mettre en pratique la production biologique de la diversité pommes de terre natives à plus grande échelle.