mercredi 18 février 2009

61% de la population bolivienne a dit OUI!

LA NOUVELLE CONSTITUTION POLITIQUE DE L'ETAT

Le 25 janvier marquera désormais un jour historique en Bolivie. 60 boliviens/boliviennes sur 100 ont voté en sa faveur (61,43% de votes en sa faveur et 38,57% contre). C’est en effet massivement que le peuple est allé voter, 90% de taux de participation ! On est loin des taux d’absentéisme de notre chère démocratie suisse. C’est donc un vote on ne peut plus représentatif je dirais. Une large majorité du peuple ratifie le processus de changement entamé par ce gouvernement et croie en la nécessité d’une transformation du pays. L’opposition dès les premiers résultats a parlé d’un pays divisé, terres occidentales versus terres orientales, mais si l’on regarde les statistiques on ne peut pas parler dans ce sens-là : 77% des municipalités du pays ont voté oui, et aussi dans les régions de « l’opposition » comme Santa Cruz, où 17 des 56 municipalités ont voté en faveur, à Tarija ce sont 5 des 11 municipalités, au Beni 4 des 17 municipalités et à Pando, 3 des 15 municipalités. Le processus de construction du nouvel Etat plurinational décentralisé avec des autonomies (Art. 1) est donc en marche et la plus lourde tâche du gouvernement actuel est celle de l’implémentation au niveau légal des nouvelles structures de l’Etat afin de concrétiser le changement, « el cambio » protagonisé par le président Evo Morales. Ceci n’est pas une mince affaire car l’opposition refuse d’être vaincue et essaie de bloquer toute tentative de concertation comme par exemple ces jours-ci le Préfet de Santa Cruz refuse de participer à une réunion sur le thème des autonomies convoquée par le vice-président alors que lui-même il y a quelques mois seulement ne parlait que d’autonomie dans tous ses discours. Aujourd’hui même (mercredi 18 février) le Conseil Nacional des Autonomies a pris ses fonctions sans la présence de tous les préfets de la « media luna », des départements de Beni, Pando, Chuquisaca, Santa Cruz et Tarija. Par exemple, dans le département de Chuquisaca le OUI pour la NCPE a gagné avec 51% et l’actuelle préfecte, Sabine Cuellar, refuse de respecter cette décision et ne participe pas à la conformation du Conseil Nacional des Autonomies. Comment donc parler de respect du vote du peuple et de démocratie si la décision de la majorité du peuple n’est pas respectée et la NCPE se voit même violée par ses propres autorités ?

LE THÈME DE LA TERRE DANS LA NCPE

Dans le cadre du Réferendum pour la NCPE (Nouvelle Constitution Politique de l’Etat) les bolivien(n)es ont été aussi appelés à voter sur la question de la quantité maximum de terre qui peut être possédée : il y avait l’option de 5 mil ha ou 10 mil ha, et c’est l’option de 5 mil ha qui a remporté avec 80,6% d’approbation. Ici, une grande majorité de la population, y compris dans les régions des terres orientales, a montré qu’elle n’est pas d’accord avec les grandes propriétés terriennes, les « latifundios ». Ces résultats donnent donc feu vert à la politique agraire actuelle de redistribution des terres. Dimanche passé justement le Vice-ministre des terres Almaraz a confirmé que 40’000 ha de terres ont été quittées (« revertidas ») à 5 familles dans l’Alto Parapeti, dans la province Cordillera de Santa Cruz. Selon la législation agraire et la NCPE ces terres ne respectaient pas la Fonction Economique Sociale (FES). C’est à plus de 65 petits et moyens producteurs indigènes que ces terres seront remises selon Almaraz. Dans cette région-là, en plus, on a dénoncé l’esclavage des indigènes guaranis. Selon Almaraz « Alto Parapeti est devenu un endroit fort sensible durant ce processus agraire bolivien parce que ça été un point géographique où la résistance du secteur agro-pécuaire a été violente et séditieuse et a empêché le processus d’assainissement des terres en prétendant imposer au pays une version d’autonomie ». C’est donc d’autant plus un cri de victoire pour le gouvernement et pour la population indigène guarani de la région qui vont enfin se voir redistribuer ces terres qui les ont en fait toujours appartenues en tant que peuples indigènes vivant sur leurs terres ancestrales. Il s’agit en fait du droit à la terre et territoire reconnu internationalement aux peuples indigènes à travers la Déclaration des droits des peuples indigènes des Nations Unies approuvée en 2007 qui a en plus été ratifiée comme loi en Bolivie. Ce droit est aussi reconnu dans le texte de la NCPE qui reconnait l’autorité ancestrale sur leurs territoires qui leur garanti le droit à la libre détermination qui consiste au droit à l’autonomie en tant que peuples indigènes (Art. 2). La redistribution de ces terres appartenant ancestralement aux peuples indigènes guaranis est donc une belle victoire quant à l’application des droits des peuples indigènes en Bolivie, et un pas en avant quant à l’implementation de la NCPE.